Celebration de la journée internationale de la femme africaine : juillet 2021
Pendant plusieurs siècles, les rapports entre les humains, dans toutes les sociétés du monde, étaient marqués par une nette domination des femmes par les hommes. Plusieurs stéréotypes et préjugés, tout aussi discutables les uns que les autres, ont servi de soubassement à cette domination masculine injustifiée. On ne peut pas faire totalement confiance à la femme parce que c’est elle qui est à l’origine du péché originel qui a fait plonger la nature humaine dans la déchéance, les femmes ne peuvent pas bâtir une société, cohabiter avec la femme c’est s’exposer à l’ensorcellement, etc.
Pour les femmes handicapées, la situation est encore pire. En effet, ces femmes sont victimes d’une double discrimination due à leur condition des femmes et à leur situation de handicap. L’accès aux services, c’est-à-dire l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi, etc. demeure un luxe pour les femmes handicapées. Certaines d’entre elles vivent sous la dépendance de leurs familles et se retrouvent dans une situation où elles sont mères de plusieurs enfants sans aucun moyen de les prendre en charge. Elles n’ont que la mendicité comme seul moyen de survie et se laissent facilement abuser par les hommes qui ne s’intéressent à elles que pour satisfaire leur appétit sexuel.
C’est compte tenu de cette triste réalité que l’Association Congolaise pour la Libération et le Développement de la Maman Handicapée (ACOLDEMHA), en étroite collaboration avec son partenaire IPAS, a organisé le samedi 31 juillet 2021, dans l’esplanade du Musée National dans la commune de Lingwala, de 9h00 à 14h00, la célébration de la journée internationale de la femme africaine en vue de sensibiliser les femmes handicapées sur la nécessité de défendre leurs droits afin qu’elles soient capables de lutter contre les discriminations à leur égard.
Objectifs poursuivis
L’objectif global poursuivi à travers l’organisation de la matinée de célébration de la journée internationale de la femme africaine a été de vulgariser le Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits de la femme en Afrique, appelé « Protocole de Maputo ».
De façon spécifique, il a été question de permettre aux participants de (d’) :
- Mieux comprendre les principales dispositions du protocole de Maputo (son historique, ses thématiques, ses Etats membres, etc. ;
- Mieux comprendre ce que dispose ce protocole au sujet de la femme handicapée, c’est-à-dire appréhender dans quelle mesure le protocole de Maputo peut favoriser l’inclusion de la femme handicapée ;
- Déterminer les efforts fournis par le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) dans le cadre de la mise en œuvre du Protocole de Maputo ;
Mieux comprendre le projet « Makoki ya muasi » dans le cadre duquel l’activité commémorative de la journée internationale de la femme africaine a été organisée (son contexte, ses objectifs, ses principales activités, etc.)
Participants
Sur les 100 personnes qui ont été invitées pour participer à la célébration de la journée internationale de la femme africaine, 80 ont été présentes, parmi lesquelles 6 (six) hommes et 74 (septante-quatre) femmes. Ces participants provenaient essentiellement des organisations des personnes handicapées et des organisations des femmes basées dans la ville de Kinshasa.
Méthodologie utilisée
La méthodologie utilisée pour cette célébration a alterné exposés théoriques, échanges et activité récréative. Les exposés théoriques ont porté sur la présentation du protocole de Maputo, la présentation du projet « Makoki ya muasi » et l’explication des dispositions du Protocole de Maputo relative à l’inclusion de la femme handicapée. Après ces différentes présentations, un jeu de questions a été engagé entre les participants et les intervenants pour faciliter la compréhension de différents exposés. Enfin, l’activité récréative a été organisée pour que cette matinée garde tout son sens d’une célébration. Il faut mentionner qu’en amont un discours de bienvenue a été prononcé par la Présidente de l’ACOLDEMHA, expliquant le bienfondé de l’activité.
Déroulement de l'activité
Trois interventions ont été faites à l’occasion de cette célébration, à savoir : (i) Brève présentation du Protocole de Maputo, par Me Arthur MATENGO ; (ii) Le Protocole de Maputo et l’inclusion de la femme handicapée, par Dr Valentin TSHITENGE ; et (iii) Brève présentation du projet « Makoki ya muasi », par Dr Jean-Claude MULUNDA.
Présentation du projet « Makoki ya Muasi »
Le projet « Makoki ya muasi » a été présenté par Dr Jean-Claude MULUNDA, Représentant-pays d’IPAS. Ce projet est motivé par les idées suivantes :
- La jouissance des droits de la femme ne doit pas se faire partiellement mais plutôt dans leur globalité.
- L’Etat a le devoir de prendre les mesures nécessaires pour protéger les femmes en général et les femmes handicapées en particulier.
- Il faut que les femmes jouissent moins des droits de l’Homme que les hommes. Dans une famille, on ne peut pas accepter que les garçons aillent à l’école et que les filles restent à la maison sous aucun prétexte.
- Car si la femme peut être en mesure de mieux se connaître et de maîtriser ses droits, elle sera en mesure de faire entendre sa voix.
Pour les femmes handicapées en particulier, l’intervenant a reconnu qu’elles font l’objet de multiples stigmatisations surtout e ce qui concerne la santé de la reproduction. IPAS continuera, avec son partenaire ACOLDEMHA, à sensibiliser les docteurs, les infirmiers et les leaders d’opinion pour les droits de la femme handicapée soient respectés en cette matière.
Activité récréative : Jeu Nzango par les femmes handicapées
Pour terminer l’activité en beauté, les participants à l’atelier ont eu droit à un match de Nzango qui a mis aux prises deux équipes constituées exclusivement de femmes et filles handicapées, à savoir : Telema ongenga et Fira. Ce match s’est déroulé dans un esprit de totale sportivité. Il a été inséré dans le programme en vertu de l’article 30 de la CRDPH qui prône le droit des personnes handicapées à la vie culturelle, sportive et récréative.
Conclusion
La grande leçon à tirer de cette activité est que la majorité des femmes et filles handicapées ignore complètement le Protocole de Maputo et ne sait pas que les femmes ont le droit d’avorter dans certaines circonstances bien déterminées. C’est ainsi qu’il a été recommandé à ACOLDEMHA et IPAS d’assurer la vulgarisation de ce protocole auprès d’un grand nombre de femmes et filles handicapées.